Une petite barrière de Maurice ROBERT

Une petite barrière de Maurice ROBERT

(L’Harmattan - 2023)

ISBN 978.2140.496592

Aujourd’hui, c’est un jour comme les autres, Jacques Antoine a terminé sa journée de travail au ministère et il s’apprête à rentrer chez lui, retrouver sa femme et ses deux enfants. À quelques pas de sa demeure, il est attaqué et emmené dans un fourgon, inconscient. Le réveil va être pour le moins pénible, parce que dans un premier temps Jacques ne comprend pas trop ce qu’on lui veut. Les insultes pleuvent sur lui autant que les coups, il a du mal à réfléchir. Il finit par se rendre compte qu’il a affaire à un petit groupe d’extrême droite, qui lui demande les noms et les adresses des personnes qui militent avec lui pour les droits humains. Jacques a toujours milité pour la paix et contre le racisme ; aujourd’hui on lui reproche de trop aimer les arabes, mais il refuse de céder et de donner des noms, c’est sa façon à lui de résister.

Séquestré dans l’obscurité d’une cave, Jacques va vivre un calvaire, le manque d’eau et de nourriture, puis les coups, la solitude, le manque de confort, l’humiliation, la peur… Bizarrement, lorsqu’il se retrouve seul plusieurs jours, il a peur aussi ; que lui réservent ses ravisseurs ? Alors il invente des stratagèmes pour mieux supporter les coups, avoir moins mal, il essaie de comprendre ce qui a poussé ces garçons à passer à l’acte et à devenir des membres d’extrême droite, et il fait une introspection, a-t-il toujours bien agi dans sa vie ?

Lorsque son sort s’améliore, il en vient à apprécier le gars qui lui apporte sa pitance ; après tout, il a l’air pommé, pas si méchant que ça. Il finit même par se demander, si lui, dans d’autres conditions n’aurait pas pu mal tourner également…

Je m’arrête ici pour ne pas dévoiler l’intrigue et la fin de l’histoire…

Maurice ROBERT a écrit ce roman au début des années 1990, mais il n’a pas pris une ride ; l’histoire aurait pu se passer hier, et malheureusement sera tout aussi d’actualité demain.

L’auteur ne se contente pas de nous faire participer à cette prise d’otage, nous sommes aussi dans la tête de Jacques Antoine, ce qu’il pense, ce qu’il ressent, ce qu’il endure et une question se pose, comment aurions-nous réagi à sa place ?

Dans ce roman, il y a également les réactions des journaux et de la population parfois favorables à Jacques Antoine, parfois qui excusent les ravisseurs. Comment de l’extérieur peut-on vraiment comprendre la personne qui a subi de telles violences ? Et surtout, comment se remet-on d’un tel traumatisme ?

Bref, un roman noir que je vous invite à lire, parce qu’il est bien écrit, parce qu’il fait réfléchir et parce que malheureusement il est toujours d’actualité…

À lire en écoutant « La paix » d’Amadou et Mariam, bien installé(e) sur un matelas confortable, en buvant un café avec quelques biscuits. Bonne lecture !