Lumière noire de Michèle LABIDOIRE

Lumière noire de Michèle LABIDOIRE
(ExAequo - 2023)

Résumé : Franck est à un tournant de sa carrière, il revient d’un reportage en Afghanistan, Bolski son patron lui reproche d’avoir rapporté des photos inexploitables, de piètre qualité. Franck est abasourdi, pourtant au fond de lui, il sait que Bolski a raison, il est épuisé par ces reportages de guerre.

Quand Bolski lui propose de partir en reportage à Espeyrac, il a envie de tout abandonner, pourtant c’est là-bas qu’il va rencontrer Aurélien, qui vient de perdre son père. Chacun à sa façon va aider l’autre, simplement, naturellement…


Mon avis : Un nouveau roman de Michèle LABIDOIRE, c’est court et efficace. En seulement 56 pages, l’autrice arrive à raconter une histoire complète.

On va suivre ce photographe, poursuivi par son cauchemar, un peu désabusé, au croisement de sa carrière ; il a des doutes, est-il encore un bon reportage de guerre ? Il sait au fond de lui que ses photos ne sont plus comme avant, faut-il continuer ou passer à autre chose ? Malgré tout, il n’a pas du tout envie d’aller s’enterrer dans ce petit village d’Espeyrac pour faire des photos publicitaires.

On va suivre Aurélien qui vient de perdre son père. Nous allons suivre ses errances, son ennui, le désespoir de la perte.

Puis, nous allons assister à la rencontre de ces deux êtres un peu paumés, chacun à leur façon, et qui ensemble, sans même sans apercevoir vont s’aider à s’en sortir, à aller mieux.

Une écriture concise sans un mot de trop, fluide et agréable à lire. Une histoire très émouvante mais sans misérabilisme ; c’est beau.

L’autrice raconte de façon réaliste les affres de la guerre et les difficultés rencontrées par les photographes sur le terrain, la peur, l’adrénaline puis le retour. Elle évoque l’incompréhension des gens quant à ses reportages ou ses photos artistiques. D’autre sujets sont également suggérés, tels que la solitude, les doutes, la reconstruction.

Michèle LABIDOIRE nous parle de la photographie comme si elle se trouvait derrière l’objectif, elle dépeint les paysages, les regards, la façon de voir et de retranscrire en images. Le regard a une place importante, que voyons-nous réellement de ce qui nous entoure ?

Les échanges entre Franck et Aurélien sont parfois philosophiques, ils donnent à réfléchir sur la façon dont on aborde les gens, la façon dont on les voit.

Et oui, en si peu de pages, il y a tout ça et plus encore ; c’est intense…

En bref, une belle histoire sur la transmission, le regard, la vie tout simplement.

Dans un tout autre registre, Michèle LABIDOIRE a écrit « Femme à sa fenêtre, lisant... » que j’avais eu l’occasion de chroniquer, l’histoire est différente mais pas la façon d’écrire tout aussi énergique, sans temps mort, qui va droit à l’essentiel. Je vous conseille fortement ces deux romans.

Alors, même si vous n’aimez pas la guerre, que vous n’êtes pas photographe et que vous ne vous ennuyez pas dans votre village, nul doute que vous prendrez quand même plaisir à lire ce magnifique roman.

À lire en sirotant du thé vert Sencha avec des biscuits à la noix de coco, puis allez prendre en photo les gens que vous aimez.


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