Sans voile Féminité(s) en Palestine de Stéphane AUCANTE

Sans voile
Féminité(s) en Palestine de Stéphane AUCANTE
(Bougainvillier - 2023)

Bienvenue à l’Institut français de Naplouse, grande ville du nord Cisjordanie, où Stéphane AUCANTE a été directeur durant trois ans. Quotidiennement, à l’Institut, il croise des femmes. Approchez, regardez, il y a Sukkar qui suit des cours de conversation en français, il y a Majnouna, Maïssa la médiathécaire, Malaki, Nocolette, Dame Siam, Hadjé qui a soixante-dix ans et vit dans un camp de réfugiés et puis il y a Saïd, ce n’est pas une femme ! Non, mais il trouve sa place tout naturellement dans ce recueil.

Ce livre est entre le récit et le roman, les noms ont évidemment été changés, mais les situations sont vécues.

Quel lien y-a-t-il entre toutes ces femmes ? Le voile ? Non, pas forcément, elles ne le portent pas toutes, mais il y a cette mise en retrait, cette manière de vivre de façon discrète dans un pays où la femme est dominée par les hommes.

Quelle énorme différence avec les pays occidentaux, où les femmes sont libres, parlent, s’exhibent, se montrent comme elles le veulent et côtoient qui elles souhaitent.

Là-bas, c’est différent, la bienséance exige qu’une femme ne soit jamais seule dans une pièce avec un homme, alors la porte doit rester ouverte.

Chaque chapitre raconte une histoire, celle d’une femme que l’auteur a rencontrée et qui a su l’émouvoir. Des récits courts, simples, qui racontent le quotidien parfois très difficile de ces personnes, les contrôles de police quasi-quotidiens, les camps de réfugiés, le statut des femmes…

Stéphane AUCANTE décrit ces femmes avec subtilité, sans jugement ; il raconte avec beaucoup de sensibilité et d’émotion. On sent qu’il a été touché et qu’il avait à cœur de retranscrire ces moments partagés.

Asseyez-vous, restez dans l’ombre et écoutez ce que ces femmes ont à raconter, leur misère, leur courage, leur ténacité, leur force… tout est dit en peu de mots et c’est émouvant.

Ces femmes sont touchantes, on ne les croise qu’un instant et pourtant elles laissent une empreinte et on ne les oublie pas. Et puis quelle belle idée d’avoir fait un chapitre pour Saïd, bien que ce soit un homme, il a sa place et il nous touche autant, comme tous ceux qui sont différents et pour qui ce sera forcément plus difficile.

Voilà c’est fini, on va pouvoir refermer le livre comme on referme une porte ; et pourtant bien longtemps après la lecture, il flottera dans l’air un parfum de poésie qui mettra du temps à s’évaporer.

Merci, Stéphane AUCANTE d’avoir su partager, avec tant de douceur et de raffinement ces tranches de vies ; vous avez eu raison, avec ou sans voile, elles devaient être dévoilées au moins dans un livre.

Bref, à savourer pour rencontrer ces personnes qui laissent un souvenir impérissable…

À lire installé(e)s pieds nus sur un beau tapis, en écoutant de l’oud et en dégustant un thé à la menthe avec quelques pâtisseries orientales...


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